A l’heure où la question du genre est très présente dans notre société, elle s’invite aussi dans le monde de la santé mais d’une toute autre manière !
La récente diffusion du documentaire sur la santé des femmes, de florence Préault, m’a particulièrement interpellée.[1]
Le constat est sans appel : les femmes sont moins bien prises en charge que les hommes. Moins écoutés, moins pris en compte, leurs symptômes sont souvent méconnus ou ignorés.
La première cause de mortalité des femmes, aujourd'hui en France, est l’infarctus. « Quand une femme ne se sent pas bien et présente un symptôme d’infarctus, son entourage met en moyenne 1 heure de plus que pour un homme avant d’appeler les urgences ».[2]
Ces sous-diagnostics, dans leur ensemble, mettent la vie des femmes en danger dans toutes les grandes pathologies. Aujourd’hui, à pathologies égales, les femmes meurent plus que les hommes (notamment dans les maladies cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux et le cancer du poumon).[3]
A l’origine de ces phénomènes, méconnaissance du corps féminin, croyances erronées et préjugés.
Le sexe faible
Historiquement cantonnée au foyer familial, la femme fut longtemps affublée d’une constitution plus fragile et d’une intelligence inférieure. Plus tard, elle fut considérée comme hystérique (ou à tendance hystérique).
Des croyances concernant le « sexe faible » qui se traduisent jusque dans les pratiques de santé.
La femme a encore aujourd’hui du mal à se faire entendre. Sa plainte est souvent minimisée ou ignorée. Les prises en charge concernent principalement ses organes reproducteurs (« la médecine Bikini »).
Les préjugés sont si bien ancrés qu’une femme se verra prescrire un antalgique à des doses proportionnellement inférieures à celles d’un homme pour la même plainte, voire elle sera dirigée vers un traitement en psychothérapie. (Etude 2021, Journal of pain).[4]
Certaines croyances restent aussi très fortes. Et l’idée qu’une femme puisse mourir d’un infarctus ou du cancer du poumon n’est pas commune. Car dans l’imaginaire collectif, c’était, jusqu’à il y a peu, des maladies d’hommes.
Les femmes, elles-mêmes, « habituées » à endurer la douleur et entrainées à gérer un quotidien surchargé, peinent à trouver du temps pour elles, pour s’écouter ou donner l’alerte si besoin.
Les choses changent !
La bonne nouvelle, c’est que cela évolue. Des équipes médicales alertent sur le besoin d’une prise en charge nouvelle avec notamment la reconnaissance de symptômes qui peuvent être très différents d’un sexe à l’autre. Comme dans la maladie cardio-vasculaire par exemple.
Cette thématique entre aussi dans certaines facultés comme à Lausanne où des fonds de recherches ont été débloqués depuis quelques années pour explorer le sujet plus avant.[5]
D’autres équipes travaillent, par ailleurs, à diversifier les représentations corporelles dans les manuels d’études afin que celles-ci ne soient plus exclusivement masculines.
Mais cette discrimination existe aussi à l’inverse et les hommes se retrouvent parfois sous-dépistés quand il s’agit d’ostéoporose ou de dépression, plus communément « admises » comme maladies féminines.
Afin d’enrayer cette succession de perte de chances, le moment est venu pour les femmes (et pour les hommes) d’intégrer ces notions nouvelles, ce droit à s’occuper de leur santé en priorité et à se faire entendre.
Informez votre entourage.... Discutez-en autour de vous !
Sources
[1] https://www.france.tv/documentaires/science-sante/2387159-femmes-les-oubliees-de-la-sante.html
[2] https://www.centre-val-de-loire.ars.sante.fr/infarctus-du-myocarde-premiere-cause-de-mortalite-chez-la-femme
[3] https://www.institutmontaigne.org/analyses/inegalites-de-sante-entre-femmes-et-hommes-comment-agir-concretement
[4] https://www.jpain.org/article/S1526-5900(21)00035-3/fulltext
[5] https://rhneinfo.ch/pre-dre-carole-clair-pour-en-finir-avec-les-discriminations-de-genre-en-medecine/
Photo de Anna Shvets sur Pexels
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